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Les 10 % les plus fortunés de la planète ont produit près 50% du dioxyde de carbone

Le Laboratoire sur les inégalités mondiales, rattaché à Paris School of Economics a regardé à la loupe la production de dioxyde d’azote en 2019. Il souligne l' »immense responsabilité », « l’importante empreinte carbone des très riches ». « Elles devraient être le plus mises à contribution pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, à commencer par le dioxyde de carbone (CO₂). »

L’économiste Lucas Chancel, s’appuie sur l’empreinte carbone au sens large : à la fois celle des divers secteurs de l’économie, celle liée aux niveaux d’investissements gouvernementaux et celle, notamment, résultant d’inégalités dans la consommation privée. «Lorsque les Nord-Américains importent des smartphones (téléphones) d’Asie de l’Est, les émissions de carbone créées lors de la production, du transport et de la vente de ces smartphones sont attribuées aux Nord-Américains et non aux Asiatiques de l’Est».

Ainsi, que le souligne le journal Le Monde les 10 % les plus riches de la planète ont pesé pour près de la moitié de toutes les émissions de dioxyde de carbone enregistrées en 2019 (47,6 %). A l’inverse, la moitié la moins riche de la population en a généré seulement 12 %. Rapporté aux 7,7 milliards d’habitants sur Terre, chacun a émis cette année-là en moyenne 6,6 tonnes équivalent CO₂. La part peut cependant varier sensiblement : 1,6 tonne par personne pour la moitié la moins riche de la population, contre 31 tonnes pour chacun des 10 % les plus riches… et 110 tonnes par personne pour la fraction la plus fortunée (1 % de la population). Dit autrement, l’urgence appelle à des mesures ciblées, d’abord en direction des plus gros émetteurs. L’objectif de contenir le réchauffement climatique à 2 °C de plus d’ici à la fin du siècle, par rapport à l’ère préindustrielle, supposerait une émission moyenne de 3,4 tonnes de dioxyde de carbone par habitant chaque année d’ici à 2050. Voire de 1,1 tonne, pour contenir le réchauffement à 1,5 °C. Sur la base de diverses projections, y compris démographiques, ces calculs doivent être est-il néanmoins écrit, «à interpréter avec précaution», Des disparités aiguës De façon générale, la zone géographique à l’empreinte carbone la plus lourde est celle de l’Amérique du Nord : 20,8 tonnes par habitant en 2019. Avec d’importantes nuances, toutefois. En Asie orientale, en raison de la présence de la Chine, ou au Moyen-Orient, les 10 % les plus riches au niveau local émettent par exemple davantage que ceux en Europe : respectivement 39 et 34 tonnes, contre 29 tonnes. À l’intérieur d’un même pays, les disparités peuvent aussi prendre des proportions aiguës. En ce qui concerne la France: 24,7 tonnes émises par habitant pour les 10 % les plus riches du pays, contre presque 5 tonnes par habitant pour la moitié la moins riche, là où la moyenne nationale s’établit à 8,7 tonnes. Commentaire du Laboratoire sur les inégalités: Un rappel important à quatre mois de la présidentielle française. Fin 2018, le mouvement des «gilets jaunes» avait pour point de départ une protestation d’automobilistes contre la perspective d’une hausse générale de la taxe carbone. « Lorsque les politiques carbone sont mal conçues et ne tiennent pas compte du contexte socio-économique dans lequel elles sont mises en œuvre, elles peuvent facilement échouer et générer de la méfiance, rendant les politiques environnementales injustes.» Plutôt qu’un taux uniforme, le Laboratoire sur les inégalités plaide, entre autres possibilités, pour l’instauration d’une taxation progressive sur le carbone, suivant notamment le niveau des émissions mais aussi de richesse des individus.

Une remarque qui n ‘est pas une anecdote: cette semaine s’est ouvert le Salon Nautique de Paris. C’est l’occasion de jeter un oeil sur le chiffre des ventes des bateaux. Selon les derniers chiffres de Fédération des Industries Nautiques, 80 % des unités vendues en 2020 sont représentées par des bateaux à moteurs. 99 % sont évidemment à propulseur thermiques. Ils ont très gloutons pour la seule raison que la résistance à l’eau d’un objet flottant est très importante. La consommation moyenne de ces embarcations est de 20 litres à l’heure. Et jusqu’a 50 litres dès que l’on veut exploiter la puissance sans cesse grandissante de ces propulseurs. Une (pas très) drôle de façon de célébrer la nature et la liberté, non?

Pollution : les populations les plus riches sont les plus émettrices ( Adrien Pécout/ Le Monde)

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