L’épidémie de Covid en 2020 et les rêves d’un monde d’après décarboné, s’est aujourd’hui évaporé. Les émissions mondiales de CO2 ont déjà retrouvé leur niveau pré-Covid. Voilà ce qui ressort du bilan annuel du Global Carbon Project, un consortium d’une centaine de scientifiques issus de 70 laboratoires internationaux travaillant sur le cycle du carbone, dont les résultats sont dévoilés jeudi 4 novembre. Le monde d’après tant rêvé, tant espéré, tant programmé dans l’esprit de certains pendant le confinement de mai 2020 est bel est bien derrière nous.
Si les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) ont chuté de 5,4% en 2020, en raison des confinements et de l’arrêt d’une partie de l’économie, du jamais vu depuis la seconde guerre mondiale, elles auraient rebondi cette année à +4,9 %. Si la décrue se poursuit en Europe et aux Etats Unis, il n’en est pas de même en Chine et en Inde.
Qu’en sera -t-il lorsque le transport routier comme aérien aura retrouvé son rythme? «Le monde ne prend pas le chemin d’une réduction des émissions. Or, plus on attend, et plus leur décroissance devra être rapide et drastique pour atteindre la neutralité carbone et stabiliser le réchauffement», alerte dans le journal Le monde Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement du Commissariat à l’Énergie Atomique et aux énergies alternatives.Voilà qui sonne fort au moment où 196 pays sont réunis à la 26 conférence des Nations unies sur le climat, à Glasgow.
Le charbon, première source de CO2 , connaît une forte progression (+6%), de même que le gaz, et tous deux devraient dépasser leurs niveaux de 2019. Seule la consommation de pétrole, qui s’accroît également, devrait rester inférieure cette année aux niveaux pré-Covid, note Philippe Ciais.
Comme le note l’auteur de l’article du journal Le monde, à l’échelle mondiale, le chemin sera ardu pour respecter l’accord de Paris, qui prévoit de limiter le réchauffement climatique bien en deçà de 2°C, voire à 1,5°C. [comme l’ont promis beaucoup de grands émetteurs] , indique Pierre Friedlingstein. «Atteindre zéro émissions nettes d’ici à 2050 implique de réduire les émissions mondiales de CO2 d’environ 1,4 milliard de tonnes chaque année en moyenne La comparaison avec la baisse de 1,9 milliard de tonnes en 2020 met en évidence l’ampleur de l’action qui est maintenant nécessaire, et donc l’importance des discussions de la COP26.»
Plus que jamais, il ne tient qu’à nous, dans nos comportements individuels et dans nos choix de consommation (quel vilain mot!) pour faire changer la donne.