La compagnie pétrolière Total récemment rebaptisée TotalEnergies n’ignorait rien du risque de réchauffement climatique lié à l’utilisation de carburanTs fossiles. C’est ce que révèle la revue « Global Environmental Change » sous la plume de trois chercheurs. Les dirigeants de Total et Elf (qui étaient à l’époque deux sociétés distinctes avant qu’elles ne fusionnent en 1999) auraient été avertis dès 1971 de la possibilité d’un changement climatique catastrophique dû à leurs produits. Ils ont été plus amplement informés du sujet dans les années 80 et ont commencé à entretenir le doute quant à la base scientifique du changement climatique à la fin des années 1980, avant d’adopter à la fin des années 1990 une position consistant à accepter publiquement la science climatique tout en poussant à retarder les politiques publiques permettant de limiter le recours aux énergies fossiles » est il écrit.
Par ailleurs, comme le révèle le journal Libération du 21 octobre 2021, Christophe Bonneuil, directeur de recherche au CNRS, Pierre-Louis Choquet, sociologue à Sciences-Po, et Benjamin Franta, chercheur en histoire à l’université de Stanford, ont ressorti tout simplement un article datant de 1971 de « Total Information », magazine de communication interne du groupe pétrolier. Ils y est expliqué que la combustion des énergies fossiles depuis le 19 ème siècle libère « d’énormes quantités de dioxyde de carbone (CO2) » et conduit à une « hausse assez préoccupante de la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. »
Ecrit sous la plume de l’universitaire François Durand-Dastès, le texte explique dans une lucide prédiction que « si la consommation de charbon et de pétrole continue au même rythme dans les années à venir, la concentration de dioxyde de carbone va atteindre 400 particules par million (ppm)aux alentours de 2010. Bien vu : ce seuil a été franchi en 2015.
Cette information ne fait que prouver ce que l’on savait déjà. Cela a déjà été dit concernant Exxon, Shell, BP….
Tout comme les marchands de cigarettes connaissent et connaissaient mieux que quiconque sans doute les faits du tabagisme, les vendeurs d’alcool sur la toxicité de leurs productions….
Toutefois, l’affaire pourrait ne pas s’arrêter en si bon chemin car l’urgence climatique est là. Total et surtout Elf comptaient parmi leurs actionnaires l’état français. Que savaient donc les gouvernements successifs depuis les années 70 de la catastrophe à laquelle nous menait la combustion des énergies fossiles? L’ancienne ministre de l’Environnement Delphine Batho, réclame une commission d’enquête parlementaire afin de déterminer dans quelles conditions les compagnies pétrolières auraient pu profité de la protection de l’État.
Il serait temps d’appuyer sur la pédale de frein, avertit le climatologue Christophe Cassou, directeur de recherche au CNRS et principal auteur du sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Il rapporte l’information aperçue dans la revue » Production Gap Report 2021″ selon laquelle l’humanité va extraire dans les dix prochaines années deux fois trop de pétrole, de gaz et de charbon par rapport à l’objectif de maintenir la hausse du réchauffement climatique sous les 1,5 °C.
