Un petit clic et nous voilà livré en 10 Minutes, c’est promis d’une pizza toute fraîche cuite à coté de chez vous. On voit tout de suite l’incongruité de la situation : faire gonfler un serveur installé dans un data center dont on connait aujourd’hui son impact carbone catastrophique. Et puis se le faire livrer dare dare devant sa porte…. Et nous voilà face à notre pizza toute fraîche tendue au bout d’un bras non moins équipé d’un GPS. Çà y est? La fin du cauchemar?
Pas encore, le think tank belge « Mr Mondialisation » dénonce le bilan carbone désastreux des produits qui constituent la pizza: « une pâte composée de farine en provenance des États-Unis, de la sauce tomate chinoise, du fromage italien, du jambon de porc breton et de l’ananas mexicain…. Selon une étude de la Direction générale de l’agriculture et de l’environnement wallon, une pizza hawaïenne parcourt ainsi au total jusqu’à 21.000 kilomètres lorsqu’elle n’est pas produite à partir d’ingrédients locaux… Naturellement, le choix de la pizza est symbolique, étant un aliment très consommé et, de prime à bord, sans lien avec la pollution. Le constat concerne également de nombreux produits que l’on retrouve en grandes surfaces, et ce malgré des étiquettes qui suggèrent faussement que des aliments sont de provenance locale, comme le rappelait récemment Foodwatch.
Le problème ? La mondialisation de notre alimentation conduit à ce que les produits alimentaires parcourent des distances de plus en plus importantes avant de terminer dans nos assiettes. Et tout ceci dans un parfait mépris de la crise climatique. Leur empreinte carbone s’en voit considérablement augmentée, si bien que les circuits économiques en place contribuent aux pollutions environnementales globales et donc, entre autre, à accroître la menace qui pèse sur nos forêts composées de chênes et d’hêtres, “arbres à feuilles caduques [qui] peuplent les forêts tempérées d’Europe” et qui apprécient la fraîcheur. Si consommer local ne suffit pas à protéger ces derniers, les produits locaux pouvant être issus de l’agriculture conventionnelle (on remarquera que, dans une logique commerciale, les acteurs du secteur alimentaire sont désormais nombreux à entretenir volontairement une confusion entre “local” et “bio”), il s’agit d’un aspect auquel il est nécessaire de prêter attention pour réduire les émissions de gaz à effet de serre globales.
Petit précision: la version industrielle de la pizza est une lointaine cousine de la version traditionnelle, et est d’ailleurs considérée comme de la junk food, à l’inverse de sa cousine qui a la réputation d’être saine et équilibrée. En effet, sa préparation et ses ingrédients n’ont plus grand-chose à voir avec ceux de la spécialité italienne. C’est notamment le cas de celle avec la garniture hawaïenne: farine américaine, ananas mexicain, jambon breton, fromage italien et sauce tomate chinoise entrent dans sa composition.
Quelle est notre empreinte carbone dans notre vie quotidienne ( alimentation, logement, transport, habillement..) ? Avant que Thwaites .fr ne produise son propre instrument de calcul , nous pouvons recommander WWF Suisse, et Wuppertal Institute / Henkel.
Tous deux sont assez différents, car celui de la WWF prend en compte notre empreinte carbone globale (en incluant des émissions que nous ne contrôlons pas, comme celle des produits qui sont importés sur le territoire), tandis que celui de Henkel se concentre uniquement sur les émissions produites au niveau national.*
Ces chiffres sont de toute façon de simples estimations, qui servent avant tout à situer approximativement notre impact écologique par rapport à la moyenne de votre pays, et aux objectifs des Accords de Paris – qui visent 2 tonnes de CO2 par an et par personne d’ici 2050.
Évidemment, on pourrait rétorquer que dans le cas de l’empreinte carbone globale, la grande majorité des émissions incluses dans le calcul ne sont pas de notre ressort en tant qu’individus, puisqu’elles proviennent des grandes entreprises. Mais à thwaites.fr, nous sommes convaincus que c’est justement en exerçant une pression sur les industries (politique, militantisme…) par notre mode de » consommation » que nous y arriverons.