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Turbulences à l’assemblée générale de TotalEnergies

TotalEnergies s’oriente vers une stratégie fondée sur un scénario pour la période 2020-2030 non affecté par les volontés d’opérer une véritable transition énergétique.

Le mercredi 25 mai 2022, l’assemblée générale (AG) de TotalEnergies a adopté une stratégie à l’horizon 2030. Cet évènement a été perturbé par la mobilisation des organisations Greenpeace France, Les Amis de la Terre France, Alternatiba Paris et Action non-violente COP21.

Les militants des ONG environnementales qui ont notamment bloqué l’accès à la salle où devait se tenir l’AG «réclament des engagements concrets et immédiats de Patrick Pouyanné, président-directeur général sur le retrait de TotalEnergies de Russie et la fin de tout nouveau projet d’énergies fossiles, tels que EACOP en Ouganda et Mozambique LNG. Ils dénoncent le danger que représente la stratégie de TotalEnergies pour le climat, la paix et les droits humains, ainsi que le soutien que lui apportent, pourtant, Emmanuel Macron et son gouvernement».

Pourquoi cette asssemblée générale a-t-elle suscité autant de réactions ?

La stratégie adoptée est fondée sur un scénario moins ambitieux que celui préconisé par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) afin d’atteindre l’objectif de neutralité climatique en 2050. Le rapport à l’appui duquel l’AG a tranché explique que le scénario « normatif » Net Zéro Emissions (NZE) est entaché, selon l’AIE elle-même, de nombreuses «incertitudes», parmi lesquelles la vitesse d’adaptation de la demande et des comportements, le niveau réel d’efficacité énergétique, le rythme de passage à l’échelle des nouvelles technologies de décarbonation (hydrogène, CCS, etc.).

Or, toujours selon le rapport de TotalEnergies, la trajectoire de la demande 2020-2030 décrite pour arriver à maintenir le scénario de l’AIE est éloignée des tendances observées actuellement: « Les propres analyses à court et moyen termes publiées par l’AIE depuis mai 2021 ne corroborent en rien les hypothèses du scénario NZE : en 2021, la demande mondiale de charbon a dépassé le niveau de 2019, et l’AIE s’attend à une hausse de 0,5 % par an d’ici 2024 ; selon ses dernières prévisions, la demande de pétrole en 2022 devrait être supérieure à celle de 2019 ; la demande mondiale de gaz a augmenté de 4 % en 2021 et l’AIE anticipe + 2 % pour 2022 ; le NZE table sur une montée en puissance des énergies renouvelables de + 1 000 GW de nouvelles capacités solaires et éoliennes déployées chaque année sur la décennie 2020 – 2030 ; cela correspond à un quadruplement du rythme annuel observé en 2020 (+ 250 GW). »

A lire aussi : Réchauffement climatique: Total savait depuis 50 ans

TotalEnergies semble se poser en acteur neutre au service d’une société qui exige une « énergie accessible ». L’entreprise n’est ainsi pas encline à amorcer une transition si la société civile ne l’a pas déjà faite.

Mais quel rôle pourrait avoir TotalEnergies dans l’évolution des « comportements », des « habitudes de consommation » et plus globalement des modèles énergétiques? 1ère entreprise Française et membre des six « supermajors », TotalEnergies serait-elle susceptible d’influencer le rythme de la transition énergétique? Quelle est sa part de responsabilité dans l’avenir réservé aux générations actuelles et futures ?

Pour rappel, le mix de ventes de TotalEnergies est composé à 92% de gaz naturel et de produits pétroliers (48% et 44%). Cette proportion doit passer à 25% en 2050 selon l’objectif que cette entreprise s’est elle-même fixé.

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