A la une Actu

Chauffage extérieur des bistrots: à Paris, l’énormité a toujours pignon sur rue

Par ces journées de novembre plutôt frisquettes, elles s’en donnent à coeur joie et nous font honte. Quoi donc? Les terrasses chauffées! Alors que le gouvernement avait annoncé que les chauffages seraient bannis des terrasses de bars et restaurants dès l’hiver dernier, la mesure a été reportée par les députés, lors de l’examen du projet de loi «climat et résilience».

Selon le cabinet Carbone 4 , le bilan carbone d’une terrasse chauffée équipée de quatre braseros au gaz allumés à pleine puissance pendant huit heures est équivalent à un trajet en voiture de 350 km.

Plusieurs études ont jusqu’ici mesuré « la gabegie énergétique » des terrasses chauffées, comme l’écrivait début 2020, le co-fondateur de l’association négaWatt Thierry Salomon. Dans un article publié sur LinkedIn, il estime qu’une terrasse chauffée avec des braseros peut consommer jusqu’à « 50.400 kWh par hiver » et émettre « 13,7 tonnes de gaz carbonique » dans l’atmosphère. C’est « l’équivalent des émissions d’une berline neuve qui roulerait 122.000 km, soit trois fois le tour du globe terrestre ». 

En supposant que la moitié des 22.000 terrasses de Paris soient pareillement chauffées, leur consommation électrique hivernale totale est égale à celle de tous les habitants de deux arrondissements de la capitale pendant un an, comme l’explique très bien le site de France Inter.

A la faveur d’un arrêté municipal, Rennes est devenue la première grande ville française à interdire le chauffage des terrasses le 1er janvier 2020. Une décision motivée par «le défi écologique qui est devant nous», avait expliqué au journal Les Echos le maire adjoint (PS) en charge du commerce, Marc Hervé. Lors de sa mise en place, des commerçants s’étaient inquiétés de l’impact d’une telle mesure sur leur activité professionnelle. S’il a suscité les débats, l’exemple de Rennes n’a, pour l’instant, pas été imité dans d’autres grandes villes françaises. Même pas Paris qui est évidemment la plus gourmande vue sa densité d’habitants et de bistro. Du côté de la Mairie de Paris, frileuse, pas d’autre commentaire. mais comment expliquer l’activisme d’Anne Hidalgo dans le domaine de l’anti-voiture qui provoque des embouiteillages montres dans les rues de Paris et ce laisser-aller sur les braseros. « Les chauffages au gaz ont été interdits, , argumente-t-on , la pollution directe est écartée ». La honte, non.

La ministre émue

Pour mémoire , cette mesure était une des toutes premières annoncées par Barbara Pompili, trois semaines seulement après son arrivée au ministère de la Transition écologique. Le 27 juillet 2020, Barbara Pompili avait décidé de mettre fin au chauffage extérieur dans l’espace public et donc sur les terrasses des restaurants et des cafés.

Expliquant -c’est très gentil -que ces pratiques constituent des «aberrations écologiques», la ministre Barbara Pompili avait précisé: «On va imposer de fermer les portes dans les espaces publics. On ne peut pas climatiser la rue en plein été lorsqu’il fait 30 degrés et on ne peut pas non plus chauffer à plein régime des terrasses en plein hiver pour le simple plaisir de boire son café en terrasse en ayant chaud».

 Emmanuel Wargon, Ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, chargée du Logement, précise « qu’un demi-million de tonnes de CO2 » ne seront ainsi plus émises chaque année, « ce n’est pas anecdotique ».

Côté bistrotier, on explique que sans terrasse chauffée, la clientèle passe chez le concurrent. Comment résister. Une fois de plus c’est à chacun de nous à faire bouger les choses.

Pour les bars, cette interdiction sera une source d’économie. Selon les estimations, équiper sa terrasse de chauffage peut coûter de 10 000 à 15 000 euros, entre l’acquisition du matériel et l’installation. À l’étranger, et notamment en Allemagne, des grandes villes ont adopté la mesure, comme à Berlin, Cologne et Munich. Un bon plaid, un gros pull, une écharpe et un blouson sont devenus la solution alternative.

Mais, en raison de la crise sanitaire, cette mesure ne devait pas entrer en vigueur avant le printemps 2021. Ce 15 mars 2021, lors de l’examen en commission du projet de loi climat, les députés ont finalement décidé de repousser l’interdiction des terrasses chauffées à avril 2022.

« Cependant si vous êtes indépendant et que votre terrasse est privée et qu’elle vous appartient à vous ou à votre bailleur (comme une cours d’hôtel, une terrasse privée en province etc;) et que vous ne versez pas une taxe à la municipalité pour exploitation du domaine public vous pouvez continuer à utiliser en toute sérénité vos appareils de chauffage extérieur », précise un site de ventes de chauffage extérieur. Les affaires sont les affaires, regardons ailleurs.

Similar Posts

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.